A l’heure actuelle, on constate qu’un certain nombre de cadres dirigeants rechignent encore à utiliser les réseaux sociaux.
Comment expliquer ce choix treize ans après l’apparition de LinkedIn ?
Sage décision ? Ou obscurantisme artériosclérosé ?
La résistance au changement
En France, dans le monde du travail, les innovations sont rarement bien accueillies. On constate régulièrement une forte résistance au changement dès qu’une nouveauté est introduite dans la routine rassurante que beaucoup de cadres supérieurs aiment retrouver chaque matin au bureau.
J’ai été le premier consultant à donner, en novembre 2004, avec Dominique Cuppens, une conférence sur LinkedIn et Viadeo (Viaduc à l’époque). Cette intervention se fit devant les valeureux alumni de l’école des Mines. Le plus significatif est qu’un certain nombre d’autres associations d’anciens élèves dans lesquelles j’intervenais à l’époque me demandèrent de ne surtout pas parler de ces nouveaux outils ! Leur décision illustrait parfaitement l’éternelle suspicion hexagonale devant la disruption !
Les années qui suivirent, je rencontrai la même attitude avec les chasseurs de têtes avec qui je déjeunais. Ils me considéraient comme un illuminé quand je leur parlais de l’inéluctable montée en puissance de ces réseaux sociaux sur Internet. Ils m’expliquaient gentiment qu’ils n’y étaient pas et qu’ils n’y seraient jamais.
Des outils à manier avec prudence
Si, en 2016, il est clair que s’obstiner à négliger les réseaux sociaux sur Internet relève d’un obscurantisme acharné, s’y engager sans préparation s’apparente à de l’inconscience, Ainsi, convaincus tardivement du caractère incontournable des réseaux sociaux, certains cadres essaient désormais de rattraper leur retard en s’y précipitant sans connaissance des règles d’usage personnel et professionnel. Ils se comportent en amateur dans un univers qui s’est profondément professionnalisé et foncent droit dans le mur.
Etre présent sur les réseaux sociaux engage sa responsabilité. Cet engagement n’est pas neutre dans le sens où toute prise de parole peut compromettre notre réputation personnelle, voire celle de notre entreprise. Interagir avec des connecteurs, des influenceurs et des décideurs n’est pas sans danger sachant que ceux-ci n’ont pas forcément le même degré de confidentialité que nous, ni les mêmes contraintes et valeurs.
Rester dynamique, inventif et savoir se mettre à la place des autres
Gérer des réseaux sociaux ne s’improvise pas ! C’est un engagement qui requiert du temps et qui met en jeu sa propre image de manière durable. Cette tâche exige de la présence, du dynamisme et une réelle sensibilité au contexte. Il convient donc de bien réfléchir à sa communication et à la cohérence de celle-ci par rapport à son métier, son objectif, ses convictions et ses aspirations. D’autant plus que certains secteurs sont plus sensibles que d’autres, d’où la nécessité d’une vigilance accrue et donc d’un travail minutieux.
Si les réseaux sociaux se ressemblent au niveau des exigences de gestion et des modes de fonctionnement, chacun a ses propres spécificités, objectifs et règles. Même si l’ensemble permet une interaction avec des communautés, certains sont plus adaptés que d’autres pour des thématiques précises (LinkedIn pour le volet professionnel et le recrutement ; Facebook dans un domaine plus personnel). Quant à Twitter, ce n’est pas un réseau social au sens strict mais cette plateforme constitue un outil d’information, de diffusion et de connexion extraordinaire. Etonnamment, Twitter est encore mal compris par la grande majorité des cadres.
Une obligation personnelle
Le monde professionnel considère aujourd’hui la pratique des réseaux sociaux comme une valeur ajoutée, voire une qualification reconnue et recherchée selon les fonctions et les responsabilités au sein de l’organisation.
Quand on sait qu’à l’heure actuelle, 90% des communications d’entreprise se font à travers les réseaux sociaux, on ne peut s’empêcher d’interpréter l’absence des dirigeants sur ces plateformes comme une grave lacune ! En effet, les réseaux sociaux sont devenus des canaux de diffusion privilégiés pour construire ou consolider une image professionnelle précise, cohérente, visible et lisible…
Certes, l’engagement sur les réseaux sociaux doit être mûrement réfléchi. Il s’agit de s’y investir de manière progressive pour cerner chacun des médias et de se familiariser avec chaque mode de fonctionnement et de gestion, sans oublier la régularité des contenus et les ressources requises.
Pour cela, a minima dans une première étape, nous recommandons fortement de se faire assister par des experts reconnus pour éviter de commettre les erreurs du débutant. Puis, une fois formé, c’est à chaque individu de prendre définitivement et efficacement en main le volant de sa communication sur les réseaux sociaux.